A chaque époque ses maux qui durent et ses mots qui changent. Les maux, ce sont ceux des conflits, éternels, entre les pouvoirs politiques qui gèrent le temps social de leurs peuples, et les puissances d'argent qui leurs prêtent ce qui leur manque. Ce sont aussi ceux de la cohabitation des Etats dans un continent, l'Europe, chargé d'histoire et de guerres. Nous ne sommes pas prés de guérir de ces maux. En attendant il faudra jouer avec les mots, éphémères, pour cacher la réalité des maux.
Les mots de Charles De Gaulle, pour répondre aux attaques des puissances d'argent contre le Franc, sont restés : La CORBEILLE, balustrade symbolique de la Bourse parisienne autour de laquelle se pressaient les commis des spéculateurs des années 60, balayés d'une phrase célèbre, la politique de la France ne se fait pas à la corbeille. Le MACHIN, qui marquait durement le mépris dans lequel le général tenait les institutions européennes débutantes. Les mots de Nicolas Sarkozy ont changé. Les MARCHES, ces salles des banques au sein desquelles s'agitent les traders, nouveau nom des spéculateurs, ont remplacé la corbeille. BRUXELLES, son Euro, et ses eurocrates touche à tout, ont remplacé le machin.
Que cachent ces mots ?
16 pays se sont associés, dans l'Euro pour partager un destin économique et monétaire commun. Chacun veut croit pouvoir jouer sa partition, solo, pour des motifs sociaux et culturels. L'économie construite sur une monnaie commune ne le permet pas. Elle exige une discipline d'exécution imposée par un chef. C'est sur ce point que Bruxelles, faute de chef, ressemble encore au Machin du Général, et inspire le mépris des marchés.
Ces 16 pays de l'Euro, France comprise, sont doublement endettés. La dette BLEUE, inférieure à 60 % de leur PIB. La dette ROUGE, au dessus. Les marchés ont pris peur lorsqu'ils ont vu que la dette ROUGE des 16 pays, avoisinait 1.500 Milliard d'€, dont l'Espagne et la France qui affichent entre 400 et 500 milliards d'€ chacune. Ils ont profité de l'affaire grecque pour sonner le tocsin, exiger des garanties en cas de faillite. D'où les 750 milliards d'€, mobilisés à la hâte à Bruxelles le 10 mai. Ca ne suffit déjà pas, il faut que les banques centrales prennent le relais des banques privées, lourdement chargées en dettes d'Etats, car leur mise en faillite, comme LEHMAN, serait plus facile à déclarer que celle des Etats.
Il reste, maintenant, à faire travailler le temps pour rembourser tout cet argent. En développant nos investissements et nos ventes, sans faire un plaisir politique aux maniaques de la redistribution fiscale et de l'assistanat, qui calculent déjà les augmentations d'impôts qui bloqueraient la croissance, comme les cendres volcaniques bloquent les avions. Nous en avons pour 10 ans, au mieux, à condition de garder notre sang froid face à la disparition des mensonges des Etats providentiels. Consolons nous ! Ce qui s'est passé en Europe le 10 mai 2010 est moins grave que le 10 mai 1940 lorsque les panzers nazis ont envahi la France.