Frénésie high-tech dans toute l'Europe : Retour sur le dernier Salon de Hanovre
Les Français ont acheté plus de 100 millions de produits high-tech en 2010 ! Un record. Le marché français est inondé de téléphones, smartphones, tablettes, PC, TV écrans plats et autres appareils photo, soit une dépense de 171 euros en moyenne par habitant. Même activisme du côté de l'offre. Au tout récent salon de l'électronique de Hanovre - le plus grand salon européen - les « start up » françaises occupaient quatre pavillons. Le journaliste spécialisé Pierre-Antoine Merlin a parcouru les allées du salon où s'affichent les tendances d'un marché en pleine expansion dans toute l'Europe.

Après plusieurs années d’atonie, le premier salon informatique européen, le Cebit, reprend des couleurs. « Nous avons fait moins de relations publiques que de business. On a beaucoup parlé de produits, de tablettes et de contrats. Pour les revendeurs, le potentiel de développement des affaires est immense. ». En quelques phrases, Jörg Brünig, l’un des patrons de Fujitsu, a tout dit. L’impression, déjà ressentie lors des derniers salons high tech, s’est confirmée et amplifiée, en ce mois de mars 2011, dans les plaines glacées d’Allemagne du nord. L’informatique, première industrie du monde loin devant l’automobile, repart à fond !

Le tout nouveau patron du Cebit, Frank Pörschmann, a même souligné qu’avec près de 10% de visiteurs en plus, la performance était historique. De fait, dans les trois dernières années, près de soixante salons spécialisés ont disparu… En petit comité, et sans préjuger du décompte final, il a estimé que, cette année, tous les chiffres seraient revus à la hausse.

Sans doute la présence de nouveaux industriels peu habitués de ces manifestations, comme Ford et Land Rover, y est-elle pour quelque chose.

On peut y ajouter une surprise de taille : l’arrivée massive des entreprises françaises. Pas moins de quatre pavillons. Ubifrance, l’agence chargée de promouvoir les entreprises innovantes, avait réuni pour l’occasion une trentaine de startups du secteur IT. « C’est une très bonne initiative pour tous ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un stand. On est, en quelque sorte, hébergé sous pavillon français, et on partage les informations avec nos collègues », s’est réjoui Philippe Pinault, fondateur et directeur associé de blogSpirit, une jeune pousse spécialisée dans la monétisation des médias sociaux, de type Twitter ou Facebook ( l’entreprise a démarré en 2004 comme plate-forme de blogs). Pourquoi un tel engouement des innovateurs venant de France ? Du côté de l’organisateur, on avance une explication : en ce moment, l’Hexagone connaît le plus fort taux de croissance d’Europe en informatique, réseaux et télécoms. Selon l’European Information Technology Observatory, le marché français a ainsi progressé de 4% en 2010 (6% dans le domaine des produits grand public). Et il devrait continuer sur un rythme à peine moins élevé cette année.

Toujours sur le plan de l’organisation, le Cebit a été scindé en quatre sections bien distinctes : « Pro » pour les professionnels, « Life » pour le grand public, «Gov » pour l’administration, et « Lab » pour la recherche. Mais cette scission n’a pas cassé la dynamique du salon, bien au contraire. Il est probable que l’ouverture délibérément large au grand public, le rajeunissement et la fraîcheur qu’elle induit, tout cela compte pour beaucoup dans l’atmosphère optimiste de cette année. Les bonnes nouvelles se cumulent dans l’économie d’Outre-Rhin : le plus grand salon informatique d’Europe se tient en Allemagne, l’économie la plus dynamique du continent, le tout se déroulant sur fond de reprise économique tirée par la convergence annoncée entre électronique, réseaux et télécoms. A Hanovre, malgré les frimas d’un hiver tenace, l’ambiance était à la fête. Espérons que cela prélude à un printemps souriant pour toute la high tech européenne.